Discordance de Merchouch


Depuis Merchouch, en direction de l’Ouest, nous roulons sur une surface relativement plane, il s’agit du sommet d’un plateau. La route vient à entamer une descente dans la vallée de l’oued Khorifla, ce qui permet de recouper les roches formant le plateau lui-même et d’accéder aux roches plus profondes.


En effet la disposition horizontale de l’étage fait que les coupes de ces terrains ne s'observent qu’en rebords de plateau.

Au niveau de l’arrêt, l’affleurement présente deux ensembles de roches bien distinctes, des roches claires et des roches sombres. Il s’agit d’une strate jaunâtre qui recouvre une série de strates marrons.

La première est horizontale (attention, il ne faut pas se laisser influencer par les traces verticales parfois bien visibles qui sont l’oeuvre d’engins de terrassement).

Deux roches en contact :

La roche, au sommet, fait effervescence à l’acide ce qui indique la présence de carbonate de calcium, de calcaire.

Des fossiles sont observables dans la roche : petite dent de requins, mollusque lamellibranche faisant penser à des mini coquilles saint-jacques mais aussi des fossiles sour la forme de moules internes de mollusque lamellibranche ou de gastéropodes de la taille du poing. Toute cette faune indique un niveau qui s’est formé en milieu marin.

Il s’agit de calcarénite, roche sédimentaire essentiellement calcaire formée en majorité d’éléments de 62,5 à 2 micromètres, datée du Miocène (- 23 à - 5,3 millions d’années).



Les strates marrons pr�sentent une alternance de strates dures et de strates plus tendres.

La roche dure correspond � du gr�s : une roche s�dimentaire d�tritique form�e essentiellement de grains de quartz (qui peuvent rayer le verre) soud�s par un ciment. La roche plus tendre correspond � des p�lites : une roche s�dimentaire d�tritique form�e essentiellement d’argiles compact�es.

Ces roches sont dat�es du Carbonif�re (-359,2 � - 299 millions d’ann�es).
Ainsi ces roches illustrent des d�p�ts en milieu marin, avec une alternance de d�p�t d’argile et de grains de sables qui apr�s diagen�se donnent les p�lites et les gr�s.

Ces formations prenant le nom de flysch se d�posent dans une bassin s�dimentaire, le bassin de Sidi Bettache, aliment� par des reliefs environnants subissant l’�rosion, par exemple le bloc des Sehoul au Nord.

Toutefois les strates de grès et de pélites observées à cet endroit ne sont pas horizontales, elle présente une structure monoclinale*, indicatrice d’une déformation souple depuis leur formation.

*Avec un peu de recul, il s’agit en fait des flancs d’un pli. En descendant dans la vallée, anticlinaux et synclinaux viennent à se succéder.

Ainsi les strates horizontales du Miocène viennent recouvrir les strates plissées du Carbonifère : il s’agit ici d’une discordance angulaire.

A y regarder de plus près, cet affleurement nous livre d’autres renseignements : au contact du Carbonifère se trouve une strate formée de blocs anguleux pris dans un ciment : parmi ces blocs, se reconnaissent comme roches des grès et des pélites. Le ciment est de même nature que les roches d’au dessus : une calcarénite du Miocène.

C’est une roche sédimentaire détritique, faisant partie des conglomérats et plus précisément des brèches étant donné l’aspect angluleux des éléments figurés. Cette brèche par sa position au niveau de la discordance entre le Miocène et le Carbonifère est également désigné comme “conglomérat de base”.

l souligne la transgression du Miocène (ceci faisant encore débat) : la remontée de la mer sur une surface pénéplanée qui présentait des fragments des roches sous jacente. Ces derniers ont été peu transportés, sinon ils seraient arrondis, et peu à peu ennoyés dans les sédiments de la mer Miocène.


Pour résumer l’histoire que raconte cette discordance, nous pouvons évoquer dans un premier temps une mer qui recouvre ce secteur et qui est régulièrement alimenté par des sédiments détritiques : des argiles et des grains de sable qui se déposent alternativement.

C’était au Carbonifère...puis pendant 276 millions d’année, plus rien n’est enregistré au niveau de cet affleurement. C’est une lacune stratigraphique qui peut trouver deux explications : soit il ne s’est effectivement rien passé pendant tout ce temps, soit il y a eu d’autres dépôts de roches mais ils ont été complètement érodés.
Ces terrains sont soumis à des contraintes tectoniques en compression qui conduit à leur plissement. Il y a érosion qui conduit à une surface supérieur du Carbonifère relativement plane, parsemée de blocs anguleux.
C’est sur une pénéplaine que la mer du Miocène dépose ses sédiments. Les fragments de roches arrachés aux strates sous-jacentes, grès et pélites du Carbonifère, sont cimentés par des sédiments se déposant dans cette mer Miocène. Des êtres vivants se développent dans cette mer et meurent. Leurs cadavres se déposent sur le fond, seuls subsistent leurs parties dures (dents, coquilles) parmi les sédiments fins. Piégées, elles se transformeront progressivement en fossiles à la faveur de la diagenèse.

La mer s’est retirée, il y a eu régression, depuis bien longtemps quand l’oued Khorifla commence son travail d’érosion de ces terrains, avant que l’Homme n’interviennent pour aménager une route à flanc de collines et permettent d’obtenir une coupe fraîche de cet affleurement de qualité exceptionnelle, tant sur le plan géologique que pédagogique.

(1)(2) Voir onglet Sources-Auteurs