![]() |
Au détour d’un
virage de la route qui serpente entre Oulmes et Khenifra dans la vallée
de l’oued Boulahmayal une falaise surplombe la route, des colonnes
de pierre, de couleur gris très sombre, semblent soutenir l’ensemble
du massif. Au dessus des colonnes, dans la couche massive qui les recouvre, on devine d’autres colonnes moins régulières, de plus petite taille et dont l’orientation est moins régulière. Sur le versant opposé de l’oued, ces couches se retrouvent à l’identique. |
Cette structure correspond à une coulée volcanique prismatique massive dont la base est constituée de prismes réguliers de grande taille, les colonnes.
Au dessus une couche massive de fausses colonnes, complète la coulée, son épaisseur peut se percevoir sur le versant opposé de l’oued.
Les colonnes sont altérées et se débitent en boules décimétriques mais qui ne masquent par totalement la colonnade.
Après son écoulement la lave se refroidit à partir de sa surface, ce qui entraine la formation des colonnes perpendiculairement à la surface de la coulée. Des colonnes régulières en profondeur et d’autres plus irrégulières plus près de la surface. |
![]() |
Le contact de la lave chaude avec le fond de la vallée entraine la formation d’une semelle résultant de la cuisson des roches encaissantes en contact et marque ainsi les limites de la coulée. Cette semelle est en contact du côté sud avec les sédiments paléozoiques et au nord avec une ancienne terrasse alluviale constituée de galets déposés par l'oued (conglomérat). Cela indique que la coulée a comblé un ancien cours d'eau. |
|
Par gravité, la coulée s’est mise en place au point le plus bas de la vallée puis les flancs de la vallée plus sensible à l’érosion ont été dégagés et aujourd’hui la coulée correspond à des points élevés du relief. On parle d’inversion du relief, les laves forment, aujourd'hui des entablements bien visibles dans le paysage. Cette coulée est elle même recouverte d’une coulée plus récente, visible sur le versant opposé.
Toutefois
l’oued a érodé la coulée et la traverse
régulièrement, cela permet d’en observer la coupe. |
|
La carte géologique permet de préciser les caractéristiques de cette coulée. Elle s’écoule, comme d’autres dans la région, de l’ouest vers l’est en suivant les directions des pentes naturelles et des oueds. Du fait de l’érosion, elles ne subsistent que sous forme de lambeaux régulièrement interrompus.(1) La forme des colonnes correspond à des figures de rétraction thermique dont la forme se rapproche au mieux de l’hexagone. L’hexagone correspondant à la figure géométrique permettant le meilleur relâchement des contraintes du refroidissement.(2) Son analyse microscopique et chimique indique une mélanéphélinite pour la coulée 1 (caractérisée par l’absence de feldspaths plagioclases), une lave correspondant à un magma peu différencié. On y observe des pyroxènes et des olivines peu altérées. La coulée 2 est constituée de téphrite. (2) Les mesures géochronologiques permettent de dater la coulée 2 de 2,8 +/- 0,8 Ma (méthode K/Ar), celle ci recouvrant la coulée 1, elle est nécessairement plus âgée.(2) |
|
(1) (2) Voir
onglet Sources-Auteurs |