Au Sud-Ouest de la ville de Tiflet et à quelques kilomètres de distance affleurent des roches grenues, elles sont alignées le long d’un axe Est-Ouest. Il s’agit d’affleurements relativement limités en surface, en contact avec différentes roches sédimentaires.

Il est possible d'y distinguer plus ou moins facilement les différents minéraux par leurs différences de coloration. Certains étant plus sombres que d’autres, la taille des minéraux est de l’ordre de quelques dizièmes de centimètre au centimètre.

Il s'agit des granites de Tiflet.

L'affleurement de El Khaloua, ci contre, se situe au bord du Bou Regreg

Vue panoramique de la vallée du Bou Regreg - Affleurements d'El Khaoula (Plein écran)
Les granites sont accessibles dans le coude du fleuve du fleuve sous les roches sédimentaires qui les surmontent.

Ce sont granitoïdes alignés le long d’une ligne de Rabat à Tiflet.

1. Affleurements des schistes cambrien du bloc de Séhoul,
2. Granitoïdes de Rabat ou de Tiflet,
3 et 4. Limites de la zone de Rabat-Tiflet.

Les roches sédimentaires surmontent ici, le granite

Ils sont soit délimités par des failles, soit englobés dans des roches sédimentaires mais sans métamorphisme de contact.

D’un point de vue pétrographique, il s’agit de granodiorite ou de diorites quartzique.

Ces granitoïdes présentent des caractéristiques chimiques, dont un fort enrichissement de matériel crustal, qui permettent de situer leur origine dans des zones de subduction.

La datation des granites, une clé de leur histoire

La datation de ses granites (méthode U/Pb) révèle un âge de 605 à 609 Ma en faisant les roches les plus anciennes de la région datant du précambrien et plus particulièrement du néoprotérozoïque . Elles devaient appartenir au soubassement sur lequel c’est développé le cycle hercynien.

Cette datation a été effectuée sur des zircons extraits de ces granites qui pour certains indiquent des âges allant jusqu’à 680 Ma et même 2 000 Ma d’année pour lesz plus âgés, indiquant ainsi un socle encore beaucoup plus ancien.

Par la suite des phases d’érosion auront pu les ramener à la surface et entrainer le démantèlement du pluton pour former les lentilles retrouvées aujourd’hui dans les environs de Tiflet.

Un scénario de leur histoire a été proposé par A. Tahiri et ses collègues.

1. Une phase de distension au niveau d'une marge continentale constitué par un socle précambrien. Elle se traduit par la subsidence d'un bassin et le dépôt de sédiments parfois accompagnés d'épenchements volcaniques.

2. Une phase d'érosion liée à l'émersion de la zone, provoquée par la glaciation qui a caractérisé l'Ordovicien.Cette érosion a améné les granitoides de Tiflet à l'affleurement.

3. Le rechauffement climatique qui a suivi a permis l'émersion de la région et le dépôt de sédiments au niveau de cette plateforme.

4. La collision avec le bloc des Séhoul aboutit à une nouvelle surrection de la région et à son démentelement en direction du bassin de Sidi Bettache. Cette épisode pouvant correspondre à la suture de l'océan Rhéic lors de l'orogénèse hercynienne.

(1)(2) Voir onglet Sources-Auteurs